Les morceaux de référence (1): est-ce incontournable en post-prod?

Liste de morceaux de référence

Le mixage et le mastering exigent une attention extrême au détail pendant de longues périodes. Une personne peut être capable d’entendre correctement sans aucune aptitude à l’écoute, mais l’ingénieur du son compte beaucoup sur sa capacité à écouter une large gamme de fréquences et de variations d’amplitude afin de faire son travail. C’est ce qui s’appelle l’écoute critique, ou l’aptitude à analyser une musique de manière objective, au-delà des goûts et préférences subjectives. Des morceaux de référence seront alors d’une aide précieuse pour faire cette analyse indispensable à tout processus de post-production musicale.

Qu'est-ce qu'un morceau de référence?

A la base, c’est un morceau avec des caractéristiques audio bien spécifiques afin d’évaluer la qualité d’un système de reproduction audio.

Au fur et à mesure de l’évolution du métier d’ingénieur mixeur ou mastering, la possession de morceaux de référence devint indispensable afin d’être capable d’écouter et analyser l’audio de manière objective. Il faut le voir comme une boussole qui guide tout le long du processus de post-production, sans laquelle on avancerait « à l’aveugle », sans véritable vision.

Pour faire simple, il s’agit d’un morceau auquel on peut se référer (non, sans blague?) pour évaluer immédiatement certaines caractéristiques sonores de notre propre mixage. C’est donc un morceau que l’on connaît à la perfection, reconnu de haute qualité, à la production professionnelle et souvent commercialisé (donc mixé et masterisé¹).

¹ Il faut toujours garder en tête qu’un morceau de référence masterisé a de grandes chances de présenter une dynamique plus serrée, une plus forte compression par rapport au morceau en cours de mixage sur lequel on travaille.

Pourquoi devrais-tu utiliser une référence?

En prenant soin de compiler ta propre liste de morceaux de référence, tu en tireras les nombreux bénéfices suivants:

Pour ton apprentissage au mixage et mastering

A moins d’être un ingénieur en mastering ultra-expérimenté, il te sera très difficile d’émettre un avis précis et objectif sur l’équilibre de ta musique.

Au moins au début, ça te rendra le processus plus facile. Tu n’auras pas à te demander pendant des heures si ta caisse claire sonne assez fort, si les voix sont assez « aérées », si les basses sont solides et homogènes… Il te suffit de comparer avec plusieurs références et d’ajuster en conséquence!

Travailler avec des morceaux de référence est un excellent moyen d’accélérer tes compétences en mixage. En effet, pouvoir se comparer en temps réel à ce qui se fait de meilleur permet de s’améliorer bien plus rapidement. Si tu aimes le son du Kick sur un morceau en particulier, pourquoi pas tenter de le reproduire dans ton propre mixage? Essayer de reproduire le son d’un mixage existant est en fait un excellent exercice d’apprentissage du mixage. Attention toutefois de ne pas rentrer dans le piège de vouloir ensuite s’en servir pour imiter à l’identique (voir plus loin: « Ce que n’est pas un morceau de référence).

C’est aussi et surtout un excellent entraînement à l’écoute critique (« ear training »), ce qui aide à familiariser tes oreilles avec les exigences relatives du mixage pour différents styles.

Donc si tu es encore plus ou moins débutant en matière de post-production, la création d’une liste de morceaux de référence doit faire parti de tes priorités.

Pour booster ton inspiration

Jouer des morceaux de référence juste avant la phase de mixage est un excellent moyen pour s’inspirer dans la direction à prendre et des qualités que le mixage doit incorporer. En tant que débutant, cette pratique peut aider à débloquer la manière d’aborder le mixage.

Même en cours de route, il arrive parfois de ne pas être satisfait du résultat ou de sentir que quelque chose ne va pas. On manque simplement d’idées ou notre vision du mix n’a pas été clairement définie. Ecouter les différences entre notre mix et un morceau de référence spécifique apporte de nouvelles idées, suggère des problèmes dans notre mix et nous aide à mieux redéfinir les objectifs et la vision finale du mixage.

Pour calibrer tes oreilles

  • Face à la fatigue

La fatigue auditive lors de longues sessions de mixage ou mastering est un souci classique fort connu (déjà abordé dans les articles suivants: ici, ou ). Plus tu écoutes le même son à répétition, plus ton jugement est biaisé. Le recours à une référence te permet plus rapidement de recaler tes oreilles sur le bon son à atteindre. Il s’ensuit alors un travail de mixage plus rapide, sans tergiversations inutiles.

  • Face à divers environnements d’écoute

Les morceaux de référence te seront vraiment utiles si tu veux effectuer un travail sérieux dans des endroits ou matériel d’écoute qui ne te sont pas familiers. En jouant une référence juste avant de commencer une écoute critique sur un système inhabituel (que ce soit pour un mixage ou juste évaluer ton propre mix) va permettre de calibrer tes oreilles à ce nouveau système composé des moniteurs, de la salle en elle-même ou même une position différente dans la salle d’écoute.

Par la suite, tu te familiariseras inévitablement avec le son de tes références sur un grand nombre de systèmes différents. Ce qui signifie que tu peux commencer à juger d’autres environnements d’écoute en relation avec le tien.

Ce n’est d’ailleurs plus seulement utile pour le mixage mais aussi à l’enregistrement. Quelques minutes consacrées à référencer certains de tes enregistrements tests permet de résoudre toutes sortes de problèmes qui nécessiteraient autrement un travail de mixage fastidieux. Ce qui prend du temps par la suite, surtout si tu essaies de juger du niveau des basses et/ou de la largeur stéréo au casque.

Comme référence ultime en fin de mixage

C’est sans doute l’objectif le plus important à l’utilisation de morceaux de référence. Sans cela, c’est un peu comme si tu mixais à l’aveugle. Ainsi, en fin de mixage, tu peux comparer le son à un morceau de référence qui est semblable aux caractéristiques que tu recherches. Et tu peux alors prendre les bonnes décisions pour peaufiner ton mixage. La réponse en fréquence ou les niveaux relatifs entre les deux sont deux exemples possibles de comparaison.

Tu peux toujours tenter de faire sans et tu obtiendras probablement de bons mixages. Mais le gros problème vient aussi du besoin que ton morceau soit transférable. C’est-à-dire qu’il sonnera peut être super bien chez toi dans ton home-studio mais sera totalement « déformé » ailleurs. Car un bon mixage professionnel est supposé être bon partout où on l’écoute même sur de mauvaises enceintes! Ce qui est loin d’être évident.

En cela, un morceau de référence qui a fait ses preuves sur tout type de système d’écoute est capital pour ton propre mixage.

Pour évaluer des enceintes avant achat

Les vendeurs d’enceintes de monitoring ont souvent à leur disposition une liste de morceaux connus à jouer (fort) afin d’impressionner la clientèle. Néanmoins, tu peux imaginer que faire de même avec un mixage que tu connais par cœur te permettra d’avoir un meilleur jugement sur la qualité de reproduction sonore des enceintes que tu recherches.

Ce que n'est pas un morceau de référence

Tout d’abord, tu pourrais croire que c’est une façon de copier sur quelqu’un d’autre; un véritable frein à ta créativité. Pourtant, il ne s’agit pas de correspondre au détail près à la référence. Il faut la prendre comme un guide pour te mettre sur le bon chemin.

Bien que créatif, le processus de mixage est avant tout très technique, une analyse objective de l’équilibre sonore dans tous ses aspects (dynamique, fréquentiel et spatial). Et pour cela, référencer ton travail en cours par rapport à des morceaux commerciaux est une chose que tu devrais faire à tout moment pendant la phase de mixage final. Ne serait-ce que pour donner à tes oreilles et ton cerveau un repère plus objectif lorsque tu prends des décisions cruciales en matière d’équilibrage du mixage.

Que ce soit clair: il n’est pas question de se servir d’une référence comme d’un modèle au moindre petit mouvement pendant que tu mixes. Sinon, il est facile de vite perdre le fil de la vision de la musique sur laquelle tu travailles.

Donc en pratique, il est préférable d’utiliser un morceau de référence dans les circonstances suivantes:

– Juste au début de la session de mixage, ou pendant une pause: voir précédemment « Pour calibrer tes oreilles » ou comme source « d’inspiration »;

– Une fois que ton mixage ait atteint un niveau décent d’équilibre.

Points d'attention de l'écoute lors de la comparaison

L’un des premiers enseignements de la comparaison avec une référence est la balance tonale de ton mixage. Est-ce que l’équilibre fréquentiel est adapté à ce que je veux atteindre? Est-ce que je suis allé trop fort dans les basses fréquences? Est-ce que le mixage semble manqué d’air?

Ensuite, plus difficile est l’évaluation de la dynamique. Est-ce que le niveau de tel ou tel élément est trop exagéré? Arriver à juger de l’intensité d’une compression te demanderas de l’expérience.

Enfin, il te faudra évaluer l’espace stéréo de ton mixage et le niveau de reverb en général.

Toutes ces considérations doivent être prises en compte par rapport au marché que ta musique vise. Il faut alors prendre des décisions en conséquence.

C’est l’une des parties les plus difficiles de tout mixage, à mon avis, car tu ne peux pas simplement « photocopier » le son mixé des références. Celles-ci ne sont jamais exactement les mêmes que la musique sur laquelle tu travailles.

Par exemple, un mixage peut avoir plus de niveau de caisse claire qu’un autre. Tu dois alors décider de faire correspondre l’un ou l’autre avec ton propre niveau de caisse claire, de faire un compromis entre les deux d’une manière ou d’une autre, ou de prendre délibérément une position plus extrême. Le principal est que tu prennes ce genre de décisions de la manière la plus informée et la plus reproductible possible.

Par la suite, en discutant sur tes choix de mixage avec l’artiste, tu pourras répondre avec assurance plutôt que de simplement dire que c’est parce que c’est comme ça que tu aimes le son.

Conclusion

J’espère que tu auras compris l’importance d’avoir des morceaux de référence dans la production finale d’un morceau de musique. Dans un prochain article, j’expliquerai les critères de choix pour se compiler une liste idéale. Les étapes et aspects importants pour bien utiliser une référence dans sa session de mixage/mastering seront aussi abordés en détail.

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