Les morceaux de référence (2): Comment les choisir?

liste morceaux de référence

Après avoir discuté des intérêts d’utiliser des morceaux de référence en mixage et mastering, tu te demandes peut être maintenant comment faire un choix pertinent? Sur la base de quels critères une référence se doit de répondre afin de réellement améliorer ton mixage?

En tant que producteur/mixeur débutant, la démarche est de se confectionner pas à pas une liste de morceaux de référence. Par la suite, cette liste évoluera au cours du temps. L’objectif est qu’elle te suive tout le long de ton parcours de producteur musical.

Ne pas confondre goûts personnels et qualité objective

Il est très important de bien comprendre qu’un morceau de référence ne doit pas toujours être ton genre musical ou ton artiste préféré!

Tu peux en apprendre beaucoup en écoutant des morceaux hors de ta zone de confort. D’ailleurs les ingénieurs en mixage et mastering professionnels ont souvent la tâche de travailler sur des projets qui sortent du genre préféré. Encore une fois, l’écoute critique et l’analyse objective est la clé.

Pratiquer l'analyse objective de mixages

L’écoute d’un morceau, qu’il soit bon ou mauvais, est une leçon de mixage. L’apprentissage consiste simplement à lancer la lecture et à écouter activement ce qui a été fait. Bien que l’analyse ne puisse pas toujours révéler comment les choses ont été faites, elle peut tout de même en révéler une grande partie.

Il y a une infinité de choses à écouter lors de l’analyse d’un morceau, et celles-ci peuvent couvrir tous les aspects du mixage. Je parlerai de cet exercice en particulier dans d’autres articles à venir.

Le plus de temps tu t’exerceras à analyser des mix, le plus tu développeras ton écoute critique, essentielle au métier du mixeur audio.

Comment choisir un (ou plusieurs) morceau de référence?

L’analyse d’un mixage fini est une chose, mais s’en servir comme référence pour son propre mixage en est une autre. Il est alors nécessaire de se concentrer sur quelques morceaux sélectionnés, de les apprendre à fond, de les analyser dans les moindres détails de chaque aspect du mixage et de se les rendre facilement accessibles en cas de besoin.

Se confectionner une liste personnelle

La première chose, si tu travailles pour un client ou une autre personne, c’est de s’en remettre au choix de ce dernier. Il est toujours important d’être le plus clair possible avec le client sur le type de son qu’il recherche. Pour cela, s’il ne te la pas déjà proposé, demandes lui quel morceau/chanson se rapproche le plus du son qu’il recherche.

Dans un deuxième temps, ce sont les morceaux de ta liste. Il est bon d’avoir quelques références sous la main à chaque début de mixage. Sur une clé USB si tu es en déplacement ou dans un dossier dédié de ton disque dur si tu travailles de ton home studio.

Voici quelques caractéristiques d’un morceau de référence pour t’aider à faire des choix:

- du même genre musical

Ton choix de référence peut ne pas convenir à tous les mixages. Si tu travailles sur un morceau comprenant des instruments à cordes, et qu’aucune de tes références n’en comporte, il serait sage de rechercher une autre référence. De même, ça n’a pas de sens si tes références sont toutes du heavy metal et que tu travailles sur une production chill-out.

Dans la même idée, les styles de mixage évoluent énormément avec le temps (quantités de compression ou de reverb, balance tonale globale). Il faut donc savoir suivre les tendances, mais aussi celles du passé afin d’éviter de réaliser un mixage anachronique. Le choix des références évolue en conséquence.

Il est donc utile d’avoir à disposition 2-3 morceaux du même genre qui auront un profil similaire au morceau à mixer.

- avec un instrument spécifique identique

Une référence peut être générale (comment je veux que le morceau sonne), ou plus spécifique (comment je veux que le kick sonne par exemple).

Tu peux alors utiliser des références pour des instruments spécifiques. J’ai souvent deux références qui ont le son que je cherche, et une troisième référence que j’utilise spécifiquement pour les voix. Cette troisième référence ne doit pas nécessairement correspondre au son du morceau à mixer. Il doit simplement avoir le son de la voix que tu veux pour ton mix.

Tu peux utiliser cette technique pour tout instrument individuel (voix, basse, batterie, guitares…). Mais aussi, dans le même esprit, tu peux faire de même non pas par rapport à un instrument mais à un paramètre sonore spécifique. Par exemple le contenu en reverb d’un morceau, qui contribue largement à son ambiance générale, est souvent un aspect difficile à juger en mixage.

- avec une caractéristique sonore limitante

On a vu qu’une référence ne doit pas forcément correspondre à tes goûts musicaux. Ceci est valable également au niveau du mixage. J’entends par là que tu pourrais trouver tel ou tel mixage avec beaucoup trop de basses ou encore beaucoup trop d’air et de sibilances à ton goût.

Cela ne les écarte pas pour autant de ta liste car ce genre de morceau peut se révéler utile comme référence d’une limite à ne pas dépasser! Attention toutefois à être certain de son jugement sur un système d’écoute le plus neutre possible.

Si, en comparant à la référence, mon mixage sonne plus ou moins pareil, c’est une bonne indication que je suis allé trop loin par rapport à ce que je veux pour mon propre mixage. Et aussi par la même occasion, une bonne indication d’une fatigue auditive et le moment de faire une pause!

Les basses sur le morceau « LOYALTY » de Kendrick Lamar représente un bon exemple de limite extrême dans le bas du spectre:

Les qualités idéales du morceau de référence

Et si tu ne dois en choisir qu’un seul? LE morceau qui te suit partout, auquel tu peux te référer en toute circonstance, sur tous les systèmes audio et quel que soit le style musical. Celui que tu connaîtra par coeur à force d’écoutes répétées dans toutes les situations de ton travail.

Ce ne peut être n’importe quel morceau. Cette référence idéale exige de remplir les conditions suivantes:

- format audio non compressé (pas de mp3)

En toute circonstance et pour toute ta liste, tu devrais déjà bannir le MP3. Ce format, même s’il est très répandu pour l’écoute domestique, perd drastiquement en qualité (notamment dans les hautes fréquences) pour pouvoir être utilisé comme modèle de référence.

Tu peux à la limite (au pire) te servir des formats de streaming comme sur Spotify ou Apple Music. Mais dans l’idéal, fais l’effort de te procurer quelques morceaux dans leur format original non compressé (typiquement un fichier WAV). Les fichiers FLAC (qui est un format compressé mais sans perte de données audio, ie. « Lossless ») peuvent aussi faire l’affaire.

- mixage reconnu de haute qualité professionnelle

Bien que cela relève de l’opinion personnelle, ton opinion de ce qu’est un bon mixage compte en premier. Pour en revenir au dilemme goût personnel/qualité objective, tu peux très bien être fan d’un vieux morceau rock d’Elvis Presley tout en sachant pertinemment que la qualité sonore est à des années-lumières des standards d’aujourd’hui.

Un mixage de grande qualité objective présente un très bon équilibre spectral, une haute définition des instruments, une belle ambiance, une dynamique musicale et un riche panorama stéréo.

La dynamique est particulièrement importante. Si le morceau est une production dynamique, avec des passages silencieux et forts et des densités de mixage variables, c’est comme avoir trois morceaux en un! Surtout, c’est un morceau qui ne souffre pas de la Loudness War.

En général tu pourras trouver une telle production dans des sorties commerciales à succès, surtout reconnues pour la qualité du label et/ou de la popularité du producteur/ingénieur du son.

- mixage le plus transparent possible

Pour qu’un morceau représente une référence la plus universelle possible, son mixage se doit d’être le moins caractéristique ou orienté vers une couleur sonore particulière. En effet, certains styles de mixage sont étroitement liés au style de musique jouée.

La musique d’un groupe comme The Strokes ou d’un artiste comme Burial, aussi excellente soit-elle, présente un caractère trop distinct pour être utilisée comme référence pour d’autres musiques.

- Pas trop chargé, ni trop léger en instrumentation

Enfin, et cela va de soit, une référence universelle se doit de contenir toute la palette des éléments incontournables d’un morceau. A savoir, une ou des voix, une base rythmique de batterie, basse, guitare, clavier, cordes; instruments acoustiques, électriques, synthétiques…

Néanmoins, attention à ce que cela ne devienne pas contre-productif. Il devient très difficile de bien discerner des aspects de mixages dans des productions trop chargées (à moins que la définition des instruments soit incroyablement excellente). Idéalement, il faudrait une variation des instruments et des sonorités à différentes sections du morceau.

Conclusion

Voilà, à toi de jouer pour bâtir ta liste personnelle.

Un conseil: soit à l’affût en permanence de tout ce que tu écoutes. Apprends à écouter le mixage et non la production artistique. Et par conséquent, écoutes beaucoup de choses dans des styles très différents. Tu serais surpris de tous les enseignements que l’on peut tirer d’un morceau de classique en terme de profondeur, de relief ou encore de définition.

Crées-toi des playlists pour chaque genre musical. Dès que tu tomberas sur un morceau qui t’impressionne au niveau du mixage, ajoutes-le!

Bien sûr au début, tu n’auras pas encore forcément beaucoup de morceaux à disposition. Tu peux alors choisir certains de tes propres mixes précédents. C’est utile au départ tout simplement parce que, après avoir travaillé sur ces mixages, tu en connais les détails les plus fins. De plus, il est avantageux de faire référence à un mixage non masterisé (et on verra pourquoi dans le prochain article).

Une référence que tu connais sur le bout des doigts sera d’autant plus efficace. Alors écoutes et écoutes les encore, partout, sur tous les supports possibles.

A terme, tu seras en possession d’une liste éclectique et variée. Ma propre liste contient des morceaux qui vont de « La flûte enchantée » de Mozart à Michael Jackson « Liberian Girl », en passant par du rock, de la techno ou du jazz.

N’hésites pas écrire dans les commentaires quel morceau tu penses constituerait l’idéal pour une référence en mixage.

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