Ecouter les sons du quotidien pour améliorer vos productions

Apprendre à écouter les sons du quotidien

Voici le premier épisode du podcast Arsonor!

Je t‘y explique notamment:

  • l’importance de savoir écouter les subtilités du son pour améliorer tes compétences en sound design et mixage audio.
  • en quoi consiste l’écoute analytique/active et les bonnes questions qu’il faut se poser quand on écoute une musique.
  • la relation entre ces questions et le processing audio pour retranscrire au mieux nos intentions de production, le tout avec un exemple concret.

Pour écouter cet épisode, lance tout simplement le lecteur ci-dessus.

Tu peux aussi accéder à la page officielle du podcast.

Et bien sûr le télécharger en qualité audio optimale par le lien suivant.

Contenu de l'épisode #1:

Pour ceux qui tomberaient ici par hasard, ce blog parle de création et de production musicale, de A à Z depuis son home-studio, et plus particulièrement « in the box », c’est-à-dire tous les processing directement dans son ordinateur.

C’est un gros programme tout ça, qui exige beaucoup de savoir-faire, d’expérience engrangée jour après jour, voire année après année. On en apprend tous les jours!

Il faut se mettre à la fois dans la peau d’un compositeur et d’un ingénieur du sonC’est ce que j’appelle le producteur moderne, qui fait tout depuis chez lui. De l’idée du morceau jusqu’à sa diffusion.

Alors, l’une des clés de l’apprentissage, ça va être d’apprendre à écouter les sons. Cela a l’air trivial dis comme ça, mais en fait, quand par exemple tu écoutes de la musique, tu ne fais pas que ça. Tu ne l’écoutes pas forcément de manière très attentive, à faire attention jusqu’aux moindres détails.

Mais si tu veux devenir producteur musical, l’un des savoir-faire les plus importants, c’est de savoir écouter les sons, se concentrer uniquement sur le son, pour ce qu’il est.

Tu vas me dire c’est bien joli tout ça mais ça veut dire quoi? Comment je dois écouter?

Et bien c’est justement le fil rouge de cet épisode et de tous ceux à venir, l’écoute analytique (active) des sons dans ce qui font leur forme pour mieux savoir les reproduire avec les technologies numériques actuelles.

Et quoi de mieux que le format podcast pour se concentrer uniquement sur l’écoute et devenir ainsi un meilleur producteur?

D’où le Nom de ce podcast: Ecouter les sons pour vos productions.

L'importance de l'écoute analytique en production musicale

Par analogie avec le film par exemple, un étudiant en cinéma qui regarde un film va analyser tous ses aspects techniques, faire attention aux mouvements de la caméra, l’éclairage, le type de plan, le découpage, la synchronisation des lèvres des acteurs, etc…

Bien qu’il soit beaucoup moins agréable d’analyser les aspects techniques d’un film en le regardant, cela peut faire des étudiants en cinéma de bien meilleurs cinéastes.

Et bien en musique, en production musicale, c’est exactement pareil! 

L’apprentissage consiste simplement à appuyer sur lecture et à écouter activement ce qui se passe et cela fera de toi un bien meilleur producteur musical.

Chaque morceau, qu’il soit bon ou mauvais, est une leçon de production et de mixage. Il y a toujours quelque chose à en retirer.

Alors assis-toi, ferme les yeux et écoute attentivement ce que les pros ont réalisé, simple non? OK, non en fait c’est pas si simple que ça 🙂

Comment écouter activement la musique ?

Lors de l’écoute, il est bon de prendre l’habitude de se poser un certain nombres de question dans quatre catégories de la création musicale:

  1. La composition
  2. L’arrangement et l’instrumentation
  3. La production et le sound design
  4. Le mixage

Ces questions permettent de se focaliser sur un aspect spécifique dans le processus de création musicale.

1) Composition
  • Quelle est la tonalité du morceau?
  • Est-ce que je peux remarquer certains intervalles entre les notes?
  • Y’a t’il une progression d’accord particulière?
  • Quelle est la signature rythmique du morceau?
  • Est-ce que je peux remarquer un certain groove (légers décalages de notes)?
  • etc…

Par ces questions, je fais ici intervenir mon oreille musicale, celle du musicien.

2) Arrangement et instrumentation
  • Combien d’instruments sont présents?
  • Quels sont-ils?
  • Quelle est la structure du morceau, si tenté qu’il y’en ait une?
  • Qu’est-ce qui différencie le couplet du refrain?
  • Peut-on remarquer d’autres sections (Break, etc…) et que s’y passe t’il?
3) Production/sound design

C’est maintenant l’oreille de l’ingénieur du son que je vais solliciter pour me demander ce qui fait le timbre du son?

  • Quelle est l’évolution du son d’un élément en particulier au cours du temps au niveau de son enveloppe? Est-il soutenu ou instantané/percussif avec beaucoup de transitoires?
  • Observe-t’on une variation cyclique en volume, en pitch ou dans l’espace stéréo?
  • Y’a t’il des effets de distorsions? des filtrages particuliers? des delay, reverb, effet autotune, etc…
4) Mixage

Cette fois, il s’agit de prêter attention au comportement des divers instruments/éléments entre eux, à la fois sur le plan dynamique, fréquentiel, et de gestion de l’espace:

  • Quelle est le niveau des instruments les uns par rapport aux autres?
  • Comment les instruments sont-ils pannés (positionnés dans l’espace stéréo)?
  • Comment les différents instruments sont-ils disposés sur le spectre des fréquences (des basses au plus hautes)?
  • Dans quelle mesure les instruments sont-ils reliés les uns aux autres?
  • Y a-t-il une automation? sur quel paramètre en particulier?
  • Quelle est la durée des réverbérations?
  • Quelle est la définition des instruments?

Ce ne sont que quelques exemple d’interrogations parmi les innombrables choses à rechercher lors de l’analyse de mixages.

Première difficulté de l'apprenti producteur musical

Quand on débute en production musicale, il est en effet difficile de faire le lien entre nos interrogations et les processeurs et outils de la production. Comment alors répondre à toutes ces questions?

Par exemple, des questionnements comme « je veux faire avancer ce son vers moi », « je n’entends pas cet élément par dessus l’autre », « je veux cet instrument plus sombre et plus diffus », etc…, n’ont pas de relation immédiate avec des termes comme « cutoff », « LFO », « seuil », « dry/wet », « decay », etc…

Solution: Pratiquer en permanence l'écoute active = comprendre les effets sur le son des outils de traitements à la disposition du producteur/mixeur musical

L’écoute active permet de faire le lien entre ton action dans le processing d’un traitement audio et son effet sur l’élément sonore. Tu augmenteras tes compétences en production musicale en t’entraînant régulièrement. Et c’est bien l’objectif de ce podcast!

D’ailleurs, l’un des avantages du traitement analogique du son par rapport au numérique est qu’il permet de se concentrer uniquement sur l’écoute, sans aucune distraction visuelle!

Souvent, dans ces débats entre analogique et numérique, c’est devenu l’un des principaux arguments de l’analogique. On peut traiter le son en bougeant des potards, faders ou autres boutons, sans la distraction de l’écran qui vient perturber notre écoute.

Il faut toujours avoir conscience de cela quand tu produis dans ton ordinateur. La finalité c’est bel et bien ce qu’on écoute et pas ce qu’on voit!

Précision sur l'écoute de ce podcast

Petite précision avant de continuer:

Les sujets abordés portant autour des traitements audio et du sound design, ce podcast sera d’autant plus enrichissant pour toi si tu peux l’écouter avec la meilleure qualité sonore possible.

Tu en retireras une meilleure expérience en écoutant de manière concentrée et avec un bon casque ou tout autre système audio stéréo de bonne qualité.

Alors, je sais bien que la plupart du temps, les gens écoutent les épisodes en faisant autre chose, et à l’aide des simples écouteurs du téléphone. Mais sache simplement que ce n’est pas l’idéal. Surtout quand j’aborderai des notions plus pointues en mixage audio.

De plus, quelque soit le diffuseur que tu utilises pour écouter ce podcast, le fichier audio est compressé pour des raisons d’optimisation de flux et de débit, ce qui n’est pas l’idéal non plus! C’est pourquoi, je mets toujours à disposition l’épisode dans sa qualité audio optimale, non compressée.

Donc, pour les plus intéressés et motivés d’entre vous, rendez-vous sur Arsonor.com dans l’article correspondant à l’épisode afin de le télécharger (tu peux télécharger l’épisode en question par le lien au début de cet article).

Exemple concret: Design sonore d'un effet de montée ("Riser") à partir de l'analyse d'un son du quotidien

Considérons un effet de montée (riser) – un classique en pop et électro.

{SON}

On a ici un simple bruit blanc filtré de manière assez basique et qui n’a pas vraiment d’impact … L’objectif est d’améliorer ce son pour qu’il s’insère au mieux dans une production.

Pour ce faire, je vais prendre l’analogie avec le son d’une voiture qui se rapproche.

Si tu ne comprends pas où je veux en venir, pas de panique, tu vas comprendre à la fin. L’idée est de montrer comment un son du réel, de notre quotidien quand il est bien analysé, s’apparente en tout point à nos décisions en production musicale.

Etapes de traitement d'un son de voiture qui se rapproche

Considérons ce son d’une voiture: {SON}

On peut traiter ce son pour simuler le fait qu’elle se déplace vers nous:

Etape 1: Sensation de déplacement de la gauche vers la droite

Première chose, pour donner la sensation de mouvement du son, de son déplacement de la gauche vers la droite, je fais varier le paramètre « Panoramique ».

→ automation du panoramique de la gauche vers la droite (33L à 7R par exemple).

Etape 2: Sensation du volume perçu

Ensuite le plus évident est que le niveau perçu augmente à mesure que l’objet se rapproche. On entend le moteur plus clairement à la fin: cela se traduit par augmentation du volume, faible au début puis rapidement à son maximum à la fin).

→ automation d’augmentation de gain (-12 à +6 dB).

D’une manière générale, les sons subtils qui ne peuvent pas être entendus de loin, peuvent être mis en évidence en utilisant ces variations de volume, et particulièrement un outil qui s’appelle la compression, ou peut-être une compression multibande. Notions qu’on aura le temps d’aborder plus tard dans d’autres épisodes.

Etape 3: Sensation du contenu en hautes fréquences

D’un point de vue fréquentiel, plus un objet sonore est éloigné, moins son contenu hautes fréquences est important (absorbées plus facilement par l’air) par rapport aux basses qui se propagent sur de plus longues distances.

Quand elle est loin, on entend un grondement flou à basse fréquence.

Donc pour retranscrire cela, on peut utiliser un filtre Low-pass qui s’ouvre progressivement vers les hautes fréquences au fur et à mesure que l’objet se rapproche. Ou alors, plus subtilement, un high shelf que je fais augmenter en gain (cutoff à 4 kHz et gain de -5 à +13 dB).

Voir la série articles sur les EQ si tu ne comprends pas tous ces termes.

Etape 4: Sensation de la réverbération

Et enfin, une dernière étape où j’ajoute une reverb pour la sensation d’un espace particulier.

La réponse en réverbération sera également radicalement différente pour les objets éloignés et rapprochés.

Plus un objet est éloigné, plus le son direct nous parvenant (ligne droite sans réflexions) arrive en même temps que les autres ondes réfléchies (la reverb). Alors que quand il est plus proche, le son direct et les premières réflexions de la reverb sont plus distincts et séparables, là où avant tout était encore mélangé en un seul son réverbéré plus flou.

Sur les réglages d’un plugin de reverb, cela se traduit par la modification de l’écart entre les premières réflexions et la queue de réverb.

Un paramètre clé pour cela est le pré-delai. Il se règle en ms, de 0 à plusieurs 100taines (de 15 à 400 ms dans notre exemple).

Ecoute A/B du son final obtenu

Voilà le son final que j’obtiens: {SON}

Et en comparant avec le son initial, sans traitements: {SON}

On constate bien la différence entre les deux. On a bien cet effet de mouvement. Lorsque la voiture commence à nous dépasser, elle est à son plus fort. On entend mieux les sons à la fin.

Application en contexte musical sur le "Riser"

Maintenant je vais te montrer ce que cela donne sur un exemple plus musical.

Il me suffit alors de remplacer le son de voiture par mon bruit blanc, le riser écouté tout à l’heure (ils font la même longueur).

Du coup, en appliquant exactement tous les traitements précédents, mais cette fois ci sur ce riser à la place du bruit de voiture, voilà ce que cela donne: {SON}

Ecoute la différence lorsque je bypass les traitements (désactivation): {SON}

Et en activant les traitements, {SON}, le son devient déjà bien plus intéressant, il commence bas et lent, devient plus grand et plus proche, jusqu’à occuper tout l’espace des haut-parleurs.

Ecoutons maintenant en contexte avec un rythme House:

Sans les effets: {SON}.Et Avec: {SON}

En mettant toutes ces considérations en pratique, je t’ai montré à quel point ces techniques peuvent grandement améliorer un son.

Bon il existe beaucoup d’autres techniques de production et je pourrais encore largement améliorer tout ça, mais c’est pas le sujet de cet épisode aujourd’hui!

Conclusion de l'épisode

S’l y a une chose à retenir de cet épisode, l’équipement le plus important, c’est tes oreilles. Prends-en soin. N’oublie pas d’écouter. Toujours. Écoute le monde, écoute le film, écoute ton interlocuteur. Mais toujours dans cette perspective analytique du son et de ses propriétés physiques. Meilleur tu es dans l’écoute, meilleur tu seras en tant que producteur musical.

Je te remercie d’avoir pris le temps d’écouter cet épisode de bienvenue.

N’hésites pas à commenter et à partager ce podcast si cela t’a plu. De me dire ce que tu penses de ce nouveau format par exemple.

Ce n’est que le début d’une longue série à venir. 

Je te rappelle que tu peux télécharger l’épisode en qualité audio optimale, non compressée dans l’article correspondant sur le blog Arsonor.

Voilà, je te dis à très très bientôt, d’ici là, bonne écoute, bonne prod!

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De nos jours, il est possible de faire (presque) tout depuis chez soi! Avec les bonnes connaissances, de l’abnégation et de la passion, je suis convaincu que la création musicale est accessible à tous. Je suis prêt à partager ici avec le plus de pédagogie possible, tous les conseils et astuces qui te seront d’une aide précieuse pour arriver à tes fins.

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